Qu’est- ce que le Yoga Ashtanga ?

Gérald avec Misty

C’est un système philosophique composé également de pratiques qui a pour but de faire découvrir au pratiquant sa vraie nature, qui il est réellement au-delà du corps physique.

Ce système est exposé en détails dans un texte appelé les sutras du Yoga de Patanjali, qui est l’un des textes de référence du Yoga.

Le mot Sanskrit Ashtanga est composé de ashtau qui veut dire 8 et de anga traduit généralement par membres ou branches. Cette philosophie n’est pas sans rappeler la Voie ou le Chemin Octuple des Bouddhistes.

 A l’intérieur Patanjali y décrit les différents états du mental qui nous empêchent d’accéder à l’Union (la traduction du mot Yoga) avec la Conscience Universelle ou l’Absolu. Donc ce texte est en quelque sorte le premier traité de psychologie moderne visant à débarrasser l’être humain de ses névroses et de sa souffrance existentielle.

Le premier membre s’appelle les YAMAS qui sont des restrictions, des règles sur comment nous comporter dans le monde vis-à-vis d’autrui.

Il y en a 5 : Ahimsa, ne pas blesser ou faire de mal aux autres, Satya l’honnêteté et dire la vérité, Asteya ne pas voler ou ne pas prendre ce qui ne nous appartiens pas, Brahmacharya la continence sexuelle et Aparigraha la non- avidité ou non- cupidité.

Ahimsa consiste à ne pas faire de mal aux autres êtres vivants et ce mot est souvent traduit comme non -violence. Ce n’est déjà pas facile en soi, mais devient encore plus compliqué car cela doit être observé dans nos actions, nos paroles et nos pensées !!!

Si l’on considère que la Vie se nourrit de la Vie, il est impossible d’être vivant sans avoir un impact sur les autres ou notre environnement. Mais par exemple on peut faire attention à notre alimentation et privilégier un régime basé sur la consommation de plantes, fruits, céréales, noix, légumineuses, etc… qui est plus respectueux des animaux et de notre planète. Ou encore faire attention à nos interactions avec notre entourage sur notre lieu de travail, nos amis, notre famille, la caissière du supermarché, les inconnus dans le métro…

Satya se réfère à l’honnêteté, à dire la vérité, à ne pas mentir. Il est recommandé de dire la vérité qui est plaisante à entendre, douce à l’oreille. Si l’on va dire quelque chose de vrai mais qui va fortement blesser quelqu’un alors peut être est- il préférable de garder le silence.

Je pense également qu’il n’y a pas de petits mensonges et qu’il est important de remarquer lorsque nous disons un mensonge on que nous déformons volontairement certains faits de manière à nous faire paraitre sous un meilleur jour. Notre mental/ego est extrêmement rapide et habile à couvrir, à nous cacher en fait tous les traits négatifs de notre personnalité.

Par exemple, on peut commencer à dire de petits mensonges insignifiants, sans importance, mais avant que l’on s’en aperçoive cela devient une habitude inconsciente, un samskāra, puis un vāsanā et il est ensuite très difficile de nous en débarrasser car ce trait de caractère fait maintenant partie de qui nous sommes. Et comment peut- on changer quelque chose que nous ne voyons pas, dont nous ne sommes pas conscients ? Cela va demander un travail d’introspection personnel très profond.

Il est dit que la personne qui a perfectionné Satya et qui dit toujours la vérité, toute parole qui sort de sa bouche se réalisera !!!

Asteya, c’est ne pas voler, ne pas prendre ce qui ne nous appartient pas. Là encore il y a plusieurs niveaux d’interprétation au-delà de ce qui qui parait évident, c’est-à-dire de ne pas prendre un porte -feuille dans un vestiaire ou de mettre un article sous son manteau dans un magasin.

Admettons que j’ai un rendez- vous pour déjeuner avec un(e) ami(e) et que j’arrive 45 minutes en retard. On peut dire que je lui ai « volé » de son temps. Il /elle aurait pu se reposer, lire un livre, méditer peut- être et à cause de mon manque de respect et de ma négligence, je lui ai fait perdre, je lui ai volé de son temps.

Ou bien je vais voir un autre ami qui est d’une humeur extrêmement joyeuse et là je commence à lui casser le moral en lui disant que je pense qu’il n’a pas été honnête avec moi sur tel incident passé, que je le soupçonne de m’avoir menti, etc…

Sa bonne humeur s’est évaporée en un instant, son instant de bonheur lui a été volé par mon action plus que maladroite.

Brahmacharya, c’est la continence sexuelle.

Certaines personnes s’engagent dans une quête philosophique ou religieuse et ils /elles décident de rester célibataires de manière à conserver et à transformer leur énergie sexuelle en énergie spirituelle. C’est l’interprétation littérale de Brahmacharya.

Une autre façon de l’interpréter, c’est de fonder une famille, de vivre une vie maritale comme tout le monde, mais de rester fidèle à son époux (se), et de ne pas se servir de son sex- appeal à des fins douteuses dirons -nous. Il est à noter que bon nombre des enseignants de Yoga les plus renommés comme Krishnamacharya, Pattabhi Jois, BKS Iyengar, Desikachar étaient tous mariés et pères de famille.

Il est à noter également que beaucoup de gourous qui étaient supposément des Brahmacharis se sont retrouvés mêlés à des scandales sexuels. Pourquoi ?

Parce que l’instinct de reproduction, l’instinct sexuel est l’un des plus puissant de notre corps et qu’il est extrêmement difficile à maitriser.

Il existe bon nombre d’histoires de maîtres de Yoga très avancés qui ont passé des décennies à pratiquer le Yoga et la méditation et qui voient tous leurs efforts ruinés lorsqu’ils rencontrent une beauté divine. A méditer J

Aparigraha, la non- convoitise, non avidité ou non cupidité.

De nos jours dans nos sociétés contemporaines nous sommes constamment bombardés par des messages publicitaires visuels, radios, olfactifs (en passant devant une boulangerie) qui nous poussent à la consommation, qui font naître en nous des désirs et qui nous font croire que lorsque nous posséderons le dernier gadget en vogue nous serons heureux. Nous sommes satisfaits pendant une courte période, puis notre intérêt pour l’objet s’évanouit et un nouveau désir prend forme. C’est un cercle sans fin qui ne peut jamais nous apporter le vrai Bonheur car ce dernier ne dépend pas de circonstances extérieures, comme des objets matériels ou des personnes. Il doit être trouvé au plus profond de notre être.

Je pense qu’il est important de distinguer entre besoins et désirs. Nous avons besoin d’un toit au- dessus de notre tête, de nourriture dans notre assiette, de relations sociales avec amis et famille, et d’un certain niveau de confort en général.

Les désirs sont une nouvelle voiture car la mienne a déjà 3 ans, un nouveau portable car le mien est démodé, il est de l’année dernière, etc…Ce sont des extras, du superflu, des besoins qui ne sont pas réels mais qui ont été créés par la multitude de réseaux publicitaires et sociaux.  Nous avons besoin de discrimination (viveka) pour faire la part des choses.

Après les Yamas viennent les NIYAMAS qui sont des observations à faire envers nous- même.

Il y en a également 5 qui sont ; Saucha la propreté ou la pureté, Santosha le contentement, Tapas le désir ardent de changer, de brûler les impuretés, Svadhyaya l’étude de soi et des textes spirituels et Īśvara Pranidhāna, de s’en remettre à un principe supérieur.

Saucha c’est la propreté, la pureté.

Notre corps physique est le véhicule de notre esprit, de notre âme. Et comme n’importe quel autre véhicule il a besoin d’être entretenu régulièrement si on ne veut pas qu’il tombe en panne. Il faut donc lui donner de la nourriture appropriée, de l’exercice, de l’air frais, du soleil etc…

Concernant la pureté, Tiwariji, notre prof de pranayama dit qu’une chose est pure lorsqu‘elle est dans son état naturel. Par exemple le lait est naturellement pur, mais si j’y ajoute de l’eau il va devenir impur, ce qui ne veut pas dire qu’il est sale, mais simplement qu’il n’est plus dans son état naturel.

Il faut aussi nous soucier de notre mental et essayer de cultiver des pensées positives, des pensées pures pour notre bien être car notre esprit va influencer notre corps et bien sûr nos proches et notre environnement.

Santosha, c’est le contentement.

Pour nous Français, Européens, Occidentaux en général, nous ne réalisons pas vraiment à quel point nous avons de la chance de vivre dans un pays en paix, qui est stable, qui bénéficie d’un système de sécurité sociale, avec des lois qui protègent les citoyens.

Ce n’est pas pour faire l’apologie de la France car bien sur tout n’est pas parfait, mais pour avoir beaucoup voyagé dans le monde, on peut s’estimer pas trop mal loti.

Le contentement c’est d’être conscient de tous les avantages que l’on a, plutôt que de se focaliser sur tout ce que l’on n’a pas, de se comparer ou d’envier les autres.

Un exemple simple, chaque matin, lorsqu’on prend son bain, apprécier le miracle qu’en tournant un robinet il y a de l’eau potable qui sort, et on peut même choisir la température de celle-ci !!! Pour nous tous c’est quelque chose de tout à fait normal, mais pour des centaines de millions de personnes dans le monde, c’est un luxe ne l’oublions pas.

Tapas, c’est de la chaleur intense, c’est un désir ardent de brûler, de se transformer, d’avancer sur la voie spirituelle.

Le feu est l’élément de transformation par excellence, si on prend un morceau de glace que l’on chauffe, il se change en eau et si l’on chauffe plus encore cela va devenir de la vapeur.

Pattabhi Jois disait que si l’on prend une barre de fer et qu’on essaye de la plier, cela va être difficile. Par contre en la chauffant à rouge cela devient très facile. C’est ce même principe que nous utilisons dans notre pratique d’asanas ou nous chauffons fortement notre corps par le biais de la respiration, des bandhas et des vinyasas et ensuite cela est bien plus aisé de modeler notre corps dans des positions. Le feu est également purificateur, il nettoie les métaux de leurs impuretés et il en est de même de notre corps qui est purifié de ses toxines par la transpiration.

Svadhyaya, c’est l’étude de soi et aussi l’étude de textes spirituels comme les sutras du Yoga ou la Bhagavad Gita, la Bible ou le Coran on n’importe quel autre texte qui vous parle.

Ces textes sont importants car ils sont comme des cartes qui vous expliquent la voie à suivre, vous décrivent le terrain et les difficultés, les obstacles que vous allez rencontrer au cours de votre cheminement. 

Je me souviens d’une petite histoire que Chuck Miller a raconté lors d’un atelier.

Imaginez que vous êtes dans un labyrinthe souterrain dans le noir le plus absolu. Vous êtes complètement perdu et vous tâtonnez pour avancer. Ceci est la description de l’être humain en général, qui ne sait pas qui il est, ou il va et pourquoi il est là.

A un moment, vous voyez une lueur au fond, vous la suivez et vous arrivez dans une grande pièce ou se trouve sur une table un grand livre ouvert avec une bougie. Vous lisez le livre qui vous donne des explications pour arriver à sortir du souterrain. Ces indications pour sortir des ténèbres ce sont en fait les enseignements du Yoga qui sont là pour nous guider vers la lumière intérieure, vers la libération, vers l’Absolu.

Quant à la bougie elle signifie le temps qui nous reste à vivre, le temps qui nous est imparti pour nous sortir du cycle du Samsara dans cette vie, le Samsara étant le cercle de la vie et de la mort. Et si nous ne sommes pas arrivés à sortir de ce cercle vicieux dans cette vie, alors il nous faudra revenir dans une autre incarnation…

Il est important aussi de s’étudier, de s’observer, de s’auto -analyser en quelque sorte, de prendre conscience de nos schémas, car comment pouvons- nous changer si nous ne sommes pas conscients des choses qui ne sont pas saines dans notre personnalité.

Et c’est un travail très ardu et compliqué car naturellement nos organes des sens sont dirigés vers l’extérieur et il est très difficile de les intérioriser, d’inverser leur tendance.

Un passage dont je me souviens dans la Bible dit : « Il est plus facile de voir la paille dans l’œil du voisin que de voir la poutre dans le sien ».

C’est là toute la difficulté de la pratique, de se voir tel que l’on est, d’être totalement objectif, de se mettre à nu, de ne pas mettre de fard ou de maquillage sur nos défauts, et nos imperfections, ce que notre mental fait automatiquement.

Et enfin le dernier Īshvara Pranidhāna, qui veut dire s’en remettre à Dieu, l’Absolu, la Conscience Universelle, l’Univers, ou une intelligence supérieure à la nôtre si vous préférez ce terme.

J’aime beaucoup cette très belle citation des alcooliques anonymes qui dit : « Dieu, donne- moi la force de changer les choses que je peux, la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer et la sagesse de pouvoir les discerner ».

Dans notre vie nous pouvons faire des choix, par exemple imaginons que je sois plutôt léthargique, raide comme un balai, et pas en très bonne santé. Un ami m’a vanté les mérites du Yoga Ashtanga en me disant que cela va me donner plein d’énergie, me rendre souple et fort, et me donner une santé de fer !!! Donc j’ai le choix d’aller essayer un cours et de voir par moi-même si ces bienfaits sont réels. Ou bien je peux rester chez moi à boire de la bière en regardant la télé, c’est ce qu’on appelle le libre arbitre.

Maintenant, si ce cours de Yoga m’a vraiment plu, que j’ai ressenti d’immenses bienfaits et que je veux continuer, c’est à moi de faire les efforts nécessaires pour mettre en place une pratique régulière, peut- être changer mon alimentation, me lever le matin de bonne heure pour assister aux cours etc… C’est une question de priorités et surtout de volonté. Si je veux changer mon style de vie, mon travail qui ne me plait pas, mes relations avec des personnes qui ne m’élèvent pas spirituellement, je peux le faire.

Pour rester avec l’exemple du Yoga, admettons que j’ai un corps avec un torse très long mais des hanches plutôt raides et des jambes plutôt courtes. Malgré tout cela je me suis mis dans la tête que je veux absolument faire la position de la tortue avec les 2 jambes qui vont derrière la tête. Bon avec certains exercices je pourrais certainement arriver à assouplir mes hanches mais quant à les allonger cela relève de l’impossible.

Donc inutile de perdre du temps et de gaspiller de l’énergie dans combats qui sont perdus d’avance. Il faut développer notre pouvoir de discernement et notre sagesse pour distinguer le possible à notre portée, de l’impossible.

Je terminerais ce chapitre sur les Niyamas avec une autre belle citation, cette fois de

Nisagardatta Maharaj : « La raison me dit que je ne suis rien, l’Amour me dit je suis tout, et entre ces deux ma vie s’écoule ».

Le 3ème membre du système sont les ASANAS, les positions de Yoga.

En Occident c’est en général la définition du Yoga, des positions bizarres que l’on effectue avec son corps.

Mais les asanas sont bien plus que de la gymnastique Indienne !!!

C’est un système précis de positions et contre positions qui va travailler notre corps dans toutes les directions avec des flexions avant, flexions arrière, torsions, étirements latéraux, inversions, ouverture de hanches, équilibre sur les mains, sur la tête ou sur les avant- bras, tout y est !!! Il n’y a aucune partie du corps qui est laissée à l’abandon.

Et les résultats sont plutôt incroyables. L’énergie va circuler partout dans notre corps nous donnant un sentiment de bien- être et de légèreté inconnue.

Notre corps devient plus souple et plus fort, notre digestion, assimilation, élimination de la nourriture s’améliorent, les tensions physiques et le stress mental disparaissent, notre sommeil devient plus profond et réparateur, notre mental s’apaise et se concentre plus facilement, et il existe des tonnes d’autres bienfaits.

On devient beaucoup plus conscient et sensible de ce qui se passe dans notre corps, ce qui fait que dès que l’on attrape quelque chose on le sait tout de suite et l’on peut agir immédiatement. On peut éteindre un incendie qui se déclare avec un verre d’eau si l’on est présent sur place, par contre si l’on est ailleurs il va falloir recourir aux pompiers.

En fait l’étymologie du mot asana vient de « as » qui veut dire s’assoir, ou l’assise. Le but final d’une pratique de positions c’est en fait de pouvoir rester assis, immobile, confortablement pendant longtemps. Et si vous avez déjà participé à des retraites de méditation ou l’on est assis pendant des heures et des heures vous avez pu constater que c’est physiquement très difficile, très exigeant. Cela demande beaucoup de souplesse dans les hanches et un bon alignement de la colonne vertébrale de manière à fournir le moins d’effort musculaire possible et d’économiser au maximum son énergie.

Le 4ème membre c’est le PRANAYAMA.

Le Prāna c’est l’énergie vitale qui est en nous mais qui est aussi partout dans tout ce qui vit. En fait rien n’est solide, tout est énergie qui vibre à des vitesses vertigineuses et qui donne une apparence de solidité à ce qui est matériel. Mais ceci est juste une apparence, une illusion…Maya.

Le physicien Français Lavoisier l’a bien compris en disant : « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. »

Et c’est là exactement l’essence, la nature de cette manifestation, de cet Univers ou rien n’est statique, ou tout est dynamique.

Il n’y a qu’une chose constante dans ce monde, c’est le changement ; tout est en mouvement constamment.

La manifestation du Prāna la plus facile à observer dans notre corps est la respiration.

Prāna/Yama peut être traduit comme le contrôle, la canalisation, la restriction du Prāna.

Ou bien comme Prāna/Ayama qui veut dire l’allongement, l’extension, la prolongation du Prāna.

Nous respirons tous depuis la première minute de notre naissance et nous pensons tous savoir respirer n’est ce pas ? Pourquoi passer du temps à faire des exercices de respiration ?

Quel intérêt ? Cela peut paraitre complètement inutile.

Et bien détrompez- vous, car c’est seulement lorsque l’on commence à pratiquer le Pranayama que l’on s’aperçoit à quel point on ne connait rien à sa respiration. Parce qu’elle se trouve littéralement juste sous notre nez, nous la prenons pour un acquis, nous n’y prêtons pas attention mais c’est une grave erreur.

La respiration est LA fonction vitale par excellence ; on peut ne pas boire pendant quelques jours, ne pas manger pendant quelques semaines mais on ne peut pas rester plus de quelques MINUTES sans respirer. Je pense que cela résume plutôt bien son importance non ?

Les Yogis d’antan ont découvert des tas de choses très intéressantes à ce sujet, et notamment que notre mental et nos émotions sont affectés par la respiration. Si je suis calme, posé, concentré par exemple sur la rédaction de ce texte, mon souffle va l’être également. A l’inverse, si je suis en colère, mon mental en éruption, ma respiration va être courte, chaotique, saccadée, et mon rythme cardiaque va s’accélérer. Il est impossible de péter les plombs et d’avoir en même temps une respiration longue, tranquille, posée.

Essayez si vous le pouvez d’en faire l’expérience par vous même lors d’une prochaine explosion.

Donc ceci est extrêmement intéressant car en travaillant sur l’un on affecte l’autre. Et on peut voir cela dans la vie de tous les jours, par exemple dans des moments de stress intenses, que fait- on pour se calmer ? On va respirer longuement et profondément.

Dans le membre précédent, on tentait d’apprivoiser notre corps, et dans celui -là on essaye d’apprivoiser son souffle. Donc nous passons de l’état matériel on pourrait dire grossier du corps, à un état beaucoup plus subtil de la respiration. Celle-ci est en fait le pont, la jonction entre le corps et le mental qui lui est encore plus subtil.

Il existe 6 systèmes de philosophie en Inde qui tentent d’expliquer le monde, la manifestation que nous voyons et bien sûr ils ne sont pas d’accord sur différents points.

Mais il y en a un sur lequel ils sont tous d’accord, c’est l’importance du Pranayama sur la voie spirituelle.

Le 5ème membre est PRATYAHARA, le retrait des sens.

Telle la tortue qui se retire dans sa carapace, nous devons intérioriser notre conscience.

Comme nous l’avons vu, nos organes des sens sont des portails qui nous permettent d’appréhender le monde extérieur, c’est leur job. Maintenant le nôtre c’est d’inverser cette tendance et ce n’est pas une mince affaire.

Paramahansa Yogananda, l’un des grands maitres du siècle dernier appelait les 5 organes des sens, les sens téléphone car ils sont toujours en train de sonner et de nous distraire, de nous attirer vers l’extérieur.

Par exemple, je suis assis en train d’essayer de méditer, et soudainement une odeur de café exquise et de croissant chaud vient me chatouiller les narines. Ou bien c’est la musique du voisin qui vient me titiller les oreilles ; ou encore ma peau me démange ; ou j’ai le souvenir de ce délicieux fondant au chocolat sur ma langue.

Et si ce n’est aucun de ces sens, alors c’est le mental qui tourne en rond comme un disque rayé et qui ressasse sans arrêt les mêmes choses.

Comment dans ces conditions peut- on arriver à se déconnecter ?  

Selon Yogananda, il faut débrancher les sens téléphone. Plus facile à dire qu’à faire n’est- ce pas ?

Le meilleur exemple de Pratyāhāra c’est ce que les Anglais appellent « the Big Sleep » c’est à dire la mort, mais bon cela pose certains problèmes…

La 2éme meilleure option c’est le sommeil profond. Dans cet état, la connexion des organes des sens avec le cerveau est suspendue temporairement.  Lorsque nous sommes réveillés c’est le Prāna qui assure cette connexion mais en Sushupti en sommeil profond, le Prāna se retire de la périphérie du corps et vient se réfugier dans la colonne vertébrale et le cerveau.

Si par exemple je mettais de la nourriture dans votre bouche vous ne la gouteriez pas.

Ou du parfum sous votre nez vous ne le sentiriez pas. C’est donc un état parfait de Pratyāhāra, le problème étant que cet état arrive involontairement et que nous ne sommes pas présents pour en être témoin.

Il parait que certains Yogis avec des techniques spécifiques de Pranayama arrivent à déconnecter leurs organes des sens volontairement et à répliquer consciemment l’état de Sushupti.

Yogananda disait qu’un Yogi avancé doit avoir un contrôle total de son Prāna et qu’il peut passer de l’état de veille au sommeil profond en un claquement de doigts.

Je ne doute pas que ce soit possible, mais pour cela il faut d’abord trouver un maitre qui pratique ce genre de techniques secrètes et surtout qu’il veuille bien vous les enseigner.

Cela fait beaucoup de paramètres…

Les 5 premiers membres du système sont considérés comme des pratiques externes et les 3 derniers comme des pratiques internes.

DHARANA, le 6éme membre est la concentration.

Notre mental est toujours en mouvement. Il est parfois comparé à un singe qui aurait été piqué par un scorpion et qui saute de branches en branches en hurlant, sans savoir où il va. C’est une image plutôt appropriée je trouve.

J’ai eu l’occasion de faire 2 retraites de méditation silencieuse pendant 10 jours chacune, ou il n’y avait aucune distraction ; pas de TV, pas de livre, pas de musique, on ne devait même pas regarder les yeux des autres pratiquants au cours de la promenade…

Isolation et immersion totale dans le mental.

Pendant les 3 premiers jours on observait juste sa respiration, puis ensuite on observait les sensations à l’intérieur du corps.

La vraiment on se rend compte de ce qui se passe dans notre mental et laissez- moi vous dire que c’est pour le moins stupéfiant, carrément hallucinant !!!

Donc on est supposé regarder sa respiration mais au bout de quelques secondes, le mental divague et l’on se retrouve embarqué dans une histoire. Puis après un certain temps on se rend finalement compte que l’on s’est égaré et on revient à sa concentration. Pour quelques secondes et hop on repart dans une autre aventure. Et ainsi de suite…

Impossible de garder l’esprit concentré sur une seule chose.

Et le pire dans tout cela, c’est que les pensées qui nous traversent l’esprit c’est du n’importe quoi. Si au moins c’étaient des réflexions philosophiques, des pensées nobles qui nous élèvent. Mais c’est du genre ; oh je me souviens de mes vacances chez ma grand-mère lorsque j’avais 10 ans, c’était bien, et elle avait un chien qui s’appelait Marcel, il était tellement affectueux. Mais tiens pendant que j’y pense Marcel c’était aussi mon copain à la Fac, on était super pote, mais au final j’ai découvert qu’il m’a menti et il m’a piqué ma copine Françoise. Quel enfoiré !!! Ah si je le tenais celui- là, je lui tordrais le cou.

Et Françoise, elle était gentille, on s’était rencontré dans le village de ma grand- mère, elle faisait de bonnes tartes aux pommes mamie, et j’en donnais toujours un morceau à Marcel le chien. AH l’autre Marcel cet #X!*&·%, GRRR !!!

Une pensée en mène à une autre, puis une autre et très souvent on revient au point de départ, puis on repart. C’est un peu comme un chien qui tourne en rond en essayant de mordre sa queue, ça ne mène nulle part.

Et le pire c’est que l’on a aucun contrôle, c’est un flux, un mouvement de pensées ininterrompu, et il n’y a pas moyen malheureusement de débrancher la machine.

Quand on est occupés dans notre vie quotidienne, on ne se rend pas vraiment compte de cet état de fait, c’est naturel en quelque sorte. Mais quand on est seul sans aucune distraction, on réalise que c’est carrément de la folie.

Après quelques jours à observer ce mental de fou, il y avait un plusieurs personnes qui voulaient quitter le centre de méditation…

Blaise Pascal a dit une citation du genre : « Le principal problème de l’Homme c’est qu’il est incapable de rester seul dans une pièce à se contempler ». Et ceux qui ont essayé ne le démentiront certainement pas….

Donc là, on essaye de concentrer son esprit sur un seul point. Cela peut être la respiration, un mantra que l’on répète intérieurement, une visualisation interne ou externe comme un Yantra une figure géométrique, etc…Et croyez- moi ce n’est pas facile.

Le mental s’égare, divague maintes et maintes fois et après s’être finalement aperçu de nos errements on revient à notre tâche, encore et encore et encore.

DHYANA le 7ème membre c‘est la méditation.

Lorsque le mental se concentre sur un seul point, que cette concentration est soutenue, qu’elle coule naturellement comme une source jaillissant du flanc de la montagne, sans aucun effort, alors cela devient de la méditation. Ce que l’on appelle en général de la méditation est en fait plus justement de la concentration.

Quand le sujet c’est à dire la personne qui médite, l’action de méditer et l’objet de méditation ne font plus qu’un c’est l’état de Dhyāna.

Lorsque le corps est parfaitement immobile, que la respiration devient imperceptible, que le mental s’arrête finalement, alors il se passe quelque chose de miraculeux, il n’y a plus rien, plus de sujet, plus d’objet, le monde disparait et nous avec. !!! Il y a juste un instant de calme et de paix intérieure indescriptible.

Les fois où j’ai réussi à atteindre cet état, cela n’a malheureusement pas duré très longtemps car tout de suite le mental remontre le bout de son nez : WOW !!

C’était quoi ça ? Que s’est-il passé ? C’était vraiment génial comme expérience, comment est -ce que peux la refaire, comment suis-je arrivé là, quelles étapes…

Et bla bla bla à nouveau le mental se remet en marche.

Samadhi le 8ème membre

Il existe plusieurs types de Samadhi qui est ; l’absorption, la communion, l’Illumination dans le bon sens du terme, l’Union, la Libération du joug de l’égo, l’extase Divine, la Transcendance, la Réalisation du Soi, etc…

Ceci est en fait le but ultime, la culmination de la Sādhana, de la pratique du Yogi.

Le Samadhi est une expérience qu’il est impossible à décrire avec des mots, car lorsqu’on décrit une chose on se sert du mental. Alors que cette expérience va au-delà du mental, au-delà de notre compréhension intellectuelle, du temps et de l’espace, et qui est donc par définition indescriptible.

Il n’y a plus rien, c’est le vide, la vacuité dont parlent les Bouddhistes. Mais ceci n’a rien de négatif ou de nihiliste comme certaines personnes le croient. On ne devient pas une sorte de légume qui végète dans un état semi conscient ou inconscient de comateux.

C’est au contraire un état vibrant, lumineux, d’omniprésence.

En ne devenant rien ou personne en particulier, alors on devient Tout. C’est l’état de pure conscience ou de pleine conscience chère à Thitch Nhat Hanh le maitre Zen Vietnamien.

On est pleinement présent, conscient à chaque instant de ce qui se passe à l’intérieur de nous mais également conscient de notre environnement autour de nous. Et ceci 24h/24, car même lorsque nous dormons, il y a un Témoin qui est là, qui veille, qui ne dort jamais.

C’est en fait le sens du nom Bouddha, qui veut dire L’Éveillé, celui qui voit le Monde, la Réalité telle qu’elle est sans aucun filtre.

Nous voici donc arrivés à la fin du système et je voudrais remercier toutes les personnes qui ont pris part à l’atelier de débutants, et également toutes les personnes qui ont acheté les vidéos en ligne. Un grand merci à vous tous de soutenir le studio Ashtanga Yoga Paris, ainsi que la communauté de Yogis et Yoginis !!

A très bientôt j’espère dans un cours en présentiel ou en ligne…

Namaste.

Gérald

2020 Novembre