Apprendre à aimer son corps : le yoga nous aide-t-il ?


– par Linda Munro 















Oui, certainement !


Beaucoup d’entre nous ne sont pas connectés à leurs corps, et en même temps ne sont pas satisfait de ce corps. Le sens littéral du mot yoga est « union », c’est pourquoi nous essayons d’unir notre corps et notre esprit. L’état de notre corps affecte l’état de notre mental et vice versa, c’est une relation intime entre ces deux éléments. Pour qu’elle prospère, cette relation (comme toutes les autres relations) nécessite que l’on l’éduque et que l’on en prenne soin. Sinon, elle s’use ; il n’y a donc plus de respect mutuel et de connexion profonde et florissante.

 Si nous voulons nous sentir bien dans notre corps, nous devons bien le traiter. Au yoga, il est dit que le corps est comme le temple de l’âme, nous devons donc le traiter comme tel. Quand nous prenons soin de notre corps, il nous le rend bien et l’esprit peut voir combien le corps peut être beau, même si il n’est pas représentatif des canons de beautés que l’on nous suggère dans les magazines ou autres médias.

Cela peut prendre du temps, il n’y a pas de solution rapide. Dans notre monde moderne, nous voulons tout et tout de suite. Nous voulons manger comme bon nous semble, fumer ou boire sans restriction, dormir peu, se laisser atteindre par le stress et en même temps avoir un corps et un esprit en bonne santé. Malheureusement, ce n’est pas possible.

Alors comment faire le premier pas dans la bonne direction ? Je repense à moi-même quand j’ai découvert le yoga. Je n’étais pas du tout une personne « sportive », j’étais toujours de celle que l’on choisit en dernier pour former une équipe à l’école. C’était vraiment humiliant, et c’était probablement une des raisons qui m’ont fait croire que je n’étais pas sportive. Quoi qu’il en soit, vers 25 ans, j’ai réalisé que j’avais vraiment besoin de faire quelque chose pour me maintenir en bonne santé. J’ai presque tout essayé, mais je ne me sentais pas coordonnée ni motivée. Puis un jour, je me suis retrouvée dans un cours de yoga. Premièrement, il n’y avait pas de miroir pour me regarder et me critiquer, personne pour me crier que je devais essayer plus fort encore, pas de compétition. Et quand je ne pouvais pas faire quelque chose, mon professeur m’encourageait positivement. A la fin de la classe, je voulais déjà y retourner. Voilà pourquoi c’est si important de trouver un professeur/ une école de yoga ou vous sentez que l’on prend soin de vous et que l’on vous accepte malgré vos imperfections. Avant tout, nous devons nous rendre compte que notre corps est unique.

Ce sera notre introduction à ce que l’on appelle en Sanskrit, svadhyaya ou l’étude de notre propre nature. Travailler les asanas du yoga est une bonne manière pour commencer l’étude de soi-même. Sur le tapis de yoga, nous mettons notre attention sur différentes parties de notre corps en réveillant les muscles et autres tissus avec une grande variété de mouvement qui renforcent et étirent en même temps. Nous devons être présent et observer les différentes sensations de notre corps, sans jugement ni comparaison. Nous entrainons donc notre esprit à être concentré, à être présent dans cette activité et simplement observer les subtilités de notre être. Et quand nous quittons le tapis de yoga pour revenir à notre quotidien, ces qualités vont nous accompagner durant tout le reste de  la journée. Il nous semblera plus facile de se concentrer, d’être présent et à l’écoute de soi.
Notre mental adore se raconter ses propres histoires. Mais avec ces nouvelles connaissances, nous serons donc capables de reconnaître quand nous nous racontons des histoires, quand ce n’est pas la réalité. Nous allons aussi cultiver la compassion envers nous-même.

 Petit à petit, quand l’esprit et le corps commencent à développer une profonde relation, nous ferons en sorte de cultiver cette relation. Etre plus conscient de ce que nous mangeons, buvons. Savoir quand notre corps à besoin d’être poussé, quand il a besoin de repos. Quand notre pratique de yoga se développe, nous devenons plus sur de nous-même, notre amour propre est plus présent (sans que cela tombe dans l’excès, attention à ne pas devenir égocentrique). Cette expérience nous aidera à ne pas tomber dans le piège que nous tendent les médias : là où les hommes et les femmes ne sont jamais gros, vieux, jamais un défaut.

 Quoi qu’il en soit, avec une pratique régulière, l’enthousiasme commence à prendre le dessus. Nous sommes plus heureux dans notre nouveau corps/esprit, nous nous autorisons à nous détendre. Ainsi le yoga nous donne un nouvel outil : Les tapas. Tapas veut dire « bruler ». Nous devons donc « bruler de désir » pour se transformer, tel en est la signification. En somme, si nous voulons changer quelque chose, nous devons travailler avec persévérance, dévouement et enthousiasme.

Donc nous savons maintenant que nous devons nous accepter tel quel et nous avons besoin de beaucoup travailler pour se transformer. Cela peut paraître totalement paradoxal. Si nous nous acceptons sans condition, nous ne serons pas motivés pour travailler sur quelques changements. Mais si nous essayons trop fermement de changer l’inchangeable, nous dépenserons une énergie totalement contre-productive.


C’est ici même que la sagesse et l’équilibre rentrent en jeux. Cela fait partie de notre propre découverte. Expérimenter le trop et le pas assez. S’observer avec clairvoyance, et voir si nous avons besoin quelques fois de capituler et s’accepter ou produire des efforts pour faire des changements. Personnellement, je pense que pour la plupart d’entre nous, ceci n’est qu’un jeu constant pour trouver l’équilibre qui nous amène à un état ou nous nous aimons et acceptons nos failles. Ce qui nous fera ainsi accepter les failles des autres, en développant la compassion envers nous-même et les autres. Ce qui nous ramène au plus près de l’union du yoga en relation avec notre corps aussi bien qu’à la relation avec le monde qui nous entoure.